La participation des enfants et des jeunes au débat public – un outil d’éducation populaire innovant, dans la mixité sociale et le respect des différences, des principes de tolérance et de laïcité… depuis si longtemps.
L’Association Nationale des Conseils d’Enfants et de Jeunes, nos adhérents, collectivités locales et territoriales, mouvements de jeunesse et d’éducation populaire, jeunes engagés dans les dispositifs de participation, sont aujourd’hui en première ligne pour répondre aux interrogations qui émergent suite attentats. Nous nous devons aussi de nous questionner sur ce que doit être notre rôle dans la République.
Aussi, au sein de l’Anacej, nous, élus, professionnels représentants et intervenants dans les villes, départements, régions, associations de jeunesse, sommes convaincus que si la problématique n’est pas apparue en janvier 2015, si l’enjeu n’a rien de nouveau, le sursaut occasionné est sain et peut être salutaire. Cette prise de conscience, cet élan de solidarité spontané doivent être la voie d’une réconciliation. A cet égard, nous souhaitons d’abord affirmer qu’il n’y a qu’une communauté : la communauté nationale, et c’est au niveau de cette communauté que le travail de pédagogie et d’écoute doit se faire avec les adultes, élus, parents, enseignants, animateurs et acteurs engagés de l’éducation populaire.
Notre rôle, dans cette réflexion que porte, avec raison, la société sur les horizons offerts à sa jeunesse, c’est de refuser les discours préconçus et de combattre les visions simplistes, stigmatisantes et illusoires d’une jeunesse univoque. Notre rôle, c’est d’alerter contre le mauvais réflexe qui consiste encore et toujours à parler au nom des jeunes, sans les associer au débat et aux décisions.
C’est la contribution à la fois modeste et essentielle de l’Anacej que de s’employer, avec ses partenaires, à recueillir leurs inquiétudes et leurs espoirs, à faciliter leur implication dans le débat public et plus largement à leur permettre de s’inscrire pleinement dans la vie citoyenne.
De la même manière, nous souhaitons réaffirmer que le droit à la caricature, à la satire, à l’humour, auquel nous sommes attachés sans réserve, ne peut se confondre avec des propos racistes, islamophobes, antisémites. L’échange et le débat, sans injonction de suivre un discours officiel et lisse, doivent permettre d’expliquer et de comprendre, au-delà des attitudes classiques et connues de provocation, les positions de chacun et surtout de les faire évoluer.
C’est d’ailleurs parce que depuis plusieurs années nous travaillons ensemble à développer le vivre-ensemble en favorisant et valorisant la parole des enfants et des jeunes – comme nous y appelle la Convention internationale des Droits de l’Enfant – mais aussi dans une logique de démocratie locale et participative adaptée aux moins de 30 ans, que nous pensons pouvoir aujourd’hui témoigner de l’intérêt de ces expériences, pour les enfants, les jeunes, les adultes et donc la société tout entière. Car ce sont chaque année de nombreuses expériences et près de 50.000 enfants et jeunes qui participent à des instances de participation, de co-construction, où le débat, le respect de la parole de chacun et l’élaboration collective sont mises en avant.
Déjà en 1998, nous affirmions à Nevers lors de notre congrès national : « La participation à la vie publique locale et régionale des enfants et des jeunes, citoyens d’Europe et du monde, est une exigence car elle est source de socialisation, d’échanges, de paix et de solidarité » ; « le manque de communication, voire le mépris, ne peut être que source de conflit et engendre souvent la violence et le racisme ».
Après les évènements, le temps d’écoute et d’analyse, que se passera-t-il ?
Nous pensons que le travail doit se faire avec tous les acteurs de terrain, mais aussi et surtout avec les jeunes eux-mêmes !
Aussi nous nous engageons, au sein de l’Anacej, dans nos territoires, urbains et ruraux et dans nos associations à :
Continuer de développer des lieux d’expression et de participation des jeunes dans un souci de dialogue et de co-construction des politiques publiques ;
Valoriser les expériences collectives de dialogue et les démarches collectives de projets des jeunes ;
Soutenir la formation des professionnels sur les méthodes et outils permettant l’échange et le débat avec la jeunesse ;
Évaluer les dispositifs et actions existants et développer l’échange de pratiques entre les acteurs concernés ;
Associer les jeunes à la prise de décision sur tous les sujets qui les concernent ;
Travailler sur des instances de proximité avec les habitants, les responsables publics et les associations ;
Soutenir la réalisation ou l’évolution des PEDT et PEL pour renforcer l’échange entre tous les acteurs éducatifs, en associant les enfants et les jeunes ;
Consolider et développer le lien avec l’Education nationale en mettant à disposition de l’école, des collèges et des lycées nos compétences, notre expérience, nos professionnels et bénévoles, pour aider à l’accompagnement des enseignants lorsque des instances de dialogue avec les élèves se mettent en place ;
Renforcer et multiplier les lieux d’engagement volontaire, dans le cadre du service civil universel. Les associations le font déjà beaucoup, nos collectivités locales s’engageront pleinement dans cette mesure ;
Soutenir et valoriser les actions des jeunes engagés dans les dispositifs de participation au niveau local qui portent un discours de tolérance en direction des autres jeunes et engagent une dynamique de dialogue avec eux.
Nos propositions doivent par contre se traduire dans des politiques publiques structurelles portées par l’Etat pour qu’elles s’inscrivent dans la durée.
Par conséquent, nous demandons à l’État et à ses services de :
Réinvestir le terrain en favorisant de vrais échanges entre collectivités locales, associations et mouvements d’éducation populaire, jeunes, professionnels sur les sujets de jeunesse ;
S’assurer du développement des lieux d’expression des habitants et leur connexion avec les dispositifs de la politique de la ville rénovée ;
Soutenir les acteurs de terrain dans leur démarche en revenant sur la baisse des subventions et du nombre de postes associatifs aidés (Fonjep) et en s’engageant dans des financements pluriannuels gage de stabilité de l’action.
Par une action commune et coordonnée de l’Etat, des élus des collectivités locales et territoriales, des associations et mouvements de jeunesse et d’éducation populaire, des professionnels du secteur enfance et jeunesse, des enfants et des jeunes eux-mêmes, pour renouer le dialogue et l’échange entre tous, sur les valeurs de notre République, nous permettrons une évolution de notre société qui aura été pensée collectivement et donc partagée par toutes et tous.
Mathieu Cahn, Président de l’Anacej, Maire adjoint de Strasbourg et Vice-Président de la Communauté Urbaine de Strasbourg
Chantal Carraro, Première Vice-Présidente, Adjointe au Maire de Nancy, déléguée aux conseils de jeunes
Guillaume Baldy, Vice-Président, Adjoint au Maire de Figeac, délégué à la jeunesse et à la citoyenneté
Olivier Bourhis, Vice-Président, Responsable du secteur jeunesse de La Ligue de l’enseignement
Mathilde Desgrange, Vice-Présidente, membre du Comité jeunes de l’Anacej
Sarah Boukaala, Trésorière, Conseillère régionale Rhône-Alpes, déléguée à la Jeunesse
Didier Bisson, Trésorier adjoint, Délégué national des Éclaireuses et Éclaireurs de France
Jean-Luc Dailcroix, Secrétaire général, Directeur des Francas de la Loire
Françoise Andreau, Secrétaire générale adjointe, Adjointe au Maire de Créteil, déléguée aux activités périscolaires et centres de loisirs
Fabien Abert, Membre du bureau, Adjoint au Maire de Montpellier, délégué aux sports, à la jeunesse et à la vie étudiante
Jonathan Bocquet, Membre du bureau, Adjoint au Maire de Villeurbanne, délégué à la Jeunesse et à la Vie étudiante
Isabelle Dulin, Membre du Bureau, Conseillère municipale déléguée à la Jeunesse et à l’Emploi, Lille, Hellemmes, Lomme
Jean-Pierre Ferri, Membre du bureau, Adjoint au Maire d’Arras, délégué à la Vitalité et la Cohésion sociale
Alexandra Lechner, Membre du Bureau, Conseillère générale du Nord, déléguée au Conseil départemental des jeunes
Jean-Philippe Reffray, Membre du Bureau, Directeur de l’Office de la Jeunesse de Bruay-la-Buissière
Christine Gonnu, Vice-Présidente du Conseil général de l’Ain, déléguée à la Jeunesse
Christian Bénézis, Conseiller général de l’Hérault, délégué à la Jeunesse
Hamin El Hassouni, Adjoint au maire de Dijon, délégué à la jeunesse et à l’enseignement supérieur
Désir Quenum, Conseiller municipal d’Ermont, délégué à l’Animation en direction de la Jeunesse
Farouk Alouani, Adjoint au maire d’Évry, délégué à la jeunesse
Olivier Epron, Animateur citoyenneté à La Courneuve
Suzy Sillon, Conseillère municipale du Lamentin, déléguée à la Jeunesse
Marie-Corine Lacascade-Clotilde, Conseillère municipale des Abymes, déléguée à la Jeunesse
Brigitte Bessich, Adjointe au maire de Mont-Saint-Martin, déléguée à la vie associative, la communication et la citoyenneté
Pauline Véron, Adjointe à la maire de Paris, déléguée à la participation citoyenne, la vie associative, la jeunesse et l’emploi
Rudy Delaplace, Adjoint au maire de Saint-André, délégué à l’éducation et à la jeunesse
Luc Binsinger, Maire de Saint-Nicolas-de-Port
Myriam Meyer Schlienger, Conseillère municipale de Schiltigheim, déléguée à la Jeunesse
Daniel Croquette, Président de l’Action Catholique des Enfants
Patrice Raffet, Chargé de mission Direction de la Vie Pédagogique et Secteur animation des CEMEA, Mouvement National d’Éducation Nouvelle
Laëtitia Delahaies, Directrice du Centre de Ressources Cohésion Sociale de Mayotte
David Dumont Secrétaire général de la Fédération des Conseils de Parents d’Élèves
Alix Havret, Membre du Comité jeunes de l’Anacej
Freddy Korsaga, Membre du Comité jeunes de l’Anacej
Matéo Siffointe, Membre du Comité jeunes de l’Anacej
Richard Sancho-Andreo, Adhérent individuel à l’Anacej
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