Santé mentale des jeunes, que retenir de l’avis du CESE ?
- JM Treuil

- 30 oct.
- 4 min de lecture
Mardi 14 octobre, le CESE a adopté en séance publique l’avis « La santé mentale et bien être des enfants et des jeunes : un enjeu de société » auquel a contribué pour la première fois un panel de jeunes accompagné par la Dynamique pour les droits des enfants dont l’Anacej fait partie. Un travail d’ampleur, qui a abouti à un rapport de 240 pages, dont on peut tirer trois enseignements.
Le CESE tire la sonnette d’alarme
Déclarée grande cause nationale 2025, la santé mentale des jeunes est aujourd’hui le sujet de multiples rapports et les chiffres alarmants sont mis au grand jour dans les médias. L’avis du CESE se base sur les principales études et des auditions menées avec plusieurs acteurs de la santé mentale pour un diagnostic exact, et le résume ainsi au début du rapport :
« Dans l’ensemble, ces études et le suivi de ces indicateurs montrent une réelle dégradation de la santé mentale des enfants et des jeunes, amorcée avant la pandémie. Les indicateurs se sont détériorés pendant la crise sanitaire, et l’écart garçons-filles, déjà observé auparavant, se confirme. Après la pandémie, et alors que les données montrent une relative stabilisation de la santé mentale en population générale, la poursuite de la détérioration des indicateurs chez les enfants et les jeunes adultes doit être un signal d’alerte pour toute la société. »
Cette première partie de diagnostic se limite à 20 pages, le rapport portant essentiellement sur des solutions.
Des solutions pour un enjeu de société
Si les travaux du CESE s’adresse avant tout au gouvernement et au parlement, une part importante des préconisations peut guider les acteurs locaux, collectivité et associations :
Assurer la participation des enfants et des jeunes dans les établissements qu'ils fréquentent, y compris à la construction des politiques publiques afin de les rendre plus respectueuses de leurs droits et leurs besoins.
Renforcer les enseignements aux compétences psychosociales, à la vie affective relationnelle et sexuelle (EVARS). Renforcer la formation pour tous les adultes qui encadrent les enfants.
Rendre effective une éducation au numérique pour toutes et tous, les enfants, les adolescents et leurs parents, en particulier concernant l’usage des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle. Limiter les usages des réseaux sociaux par les mineurs.
Revoir les rythmes scolaires pour favoriser les temps de repos, le bien-être des enfants, un meilleur apprentissage, en prenant en compte leurs besoins fondamentaux.
Développer et soutenir durablement les structures, lieux et espaces, qui proposent aux enfants, adolescents et jeunes adultes un cadre d’échange, de sociabilité, d’implication, de vie en collectif et de mixité sociale.
Diversifier les formes de soutien et de reconnaissance de l’engagement.
Conduire des campagnes de sensibilisation régulières sur la santé mentale, développer des formations à destination des adultes, à travers les dispositifs de type « premiers secours en santé mentale » (PSSM).
Intégrer systématiquement un volet « Santé mentale des enfants et des adolescents » dans les projets territoriaux de santé mentale (PTSM) et renforcer les conseils locaux de santé mentale (CLSM).
Plusieurs de ces préconisations sont mises en œuvre par des collectivités de notre réseau et présentées sur notre site objectif-citoyennete-enfance-jeunesse.fr destiné à renforcer les politiques enfance jeunesse dans les programmes des prochaines élections municipales.
L’apport de la participation des jeunes

Pour la première fois, le CESE a associé à l'élaboration de cet avis un panel de 20 enfants et jeunes tirés au sort, 19 mineurs et 1 majeur. Ils ont participé à deux séquences de travail intensif au CESE, du 14 au 17 avril puis du 22 au 23 mai 2025, pour produire un rapport, échangé avec les « conseillers adultes » pour enrichir leur recommandations et participé à la présentation en séance public le 14 octobre.
Ce dispositif novateur pour l’institution a été accompagné par l’Anacej avec Unicef France, SOS Villages d'Enfants, ANAMAAF et APF France Handicap dans le cadre du collectif la Dynamique pour les droits des enfants (voir notre article).
Ce dispositif participatif a été évalué en continu par un cabinet extérieur, l’agence Phare, pour veiller à son bon déroulement et analyser ce qu’il apporte à la fois au CESE et aux jeunes. Deux sociologues ont suivi toutes les séquences d’animation, réalisé des entretiens individuels et des focus group. Ils ont aussi proposé aux enfants de répondre à un questionnaire après les deux sessions de travail pour observer les évolutions dans la prise de parole, les débats et les échanges entre enfants, enfants/conseillers ainsi que les impacts que la démarche pouvait avoir sur leur estime de soi.
Cette évaluation est globalement très positive, « 88% des conseillers ont déclaré que les travaux des jeunes leur avaient permis de mieux comprendre le sujet de la santé mentale des jeunes qu’avant ». Parmi les recommandations issues de cette évaluation, on peut en relever certaines :
Laisser suffisamment de temps aux jeunes pour s’exprimer et débattre
Leur montrer autant que possible de quelles façons leurs travaux peuvent et sont pris en compte.
Plus largement, inscrire cette expérience dans une sensibilisation à la vie démocratique
Mobiliser un nombre important d’animateur·trice·s
L’Anacej est fière d’avoir contribué à cette réussite et espère qu’elle incitera un nombre grandissant d’institutions à développer la participation des enfants et des jeunes.
Retrouvez sur le site du CESE la présentation de la démarche, une synthèse de l’avis adopté et le document intégral avec le rapport des jeunes annexé.


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