Dans la prolongation de la présentation des résultats du sondage sur le comportement électoral des jeunes aux élections régionales des 6 et 13 décembre, nous donnons la parole et des spécialistes de notre réseau. Aujourd’hui, retrouvez la réaction de Jean-Claude Richez, ancien coordonnateur de la mission observation et évaluation à l’INJEP.

Les résultats du sondage mettent en évidence que s’ils ne vont pas aller voter, ce n’est pas nécessairement, même si cela joue, du fait qu’ils ne se reconnaissent pas dans l’offre politique. Ils ne sont que 20% à répondre qu’ils ne se reconnaissent pas dans les candidats ou qu’ils sont mécontents des politiques mais parce qu’ils sont ces jours-là en déplacement ou bien devraient se déplacer pour aller voter du fait que leur lieu de résidence ne correspond pas à leur lieu d’inscription électorale. Les jeunes sont en formation, ils doivent se déplacer ou encore à la recherche d’un premier emploi, ils sont souvent ailleurs et sur un contrat à court terme, ce qui nourrit l’inadéquation entre lieu de résidence et d’inscription électorale. Cependant nos modalités d’exercice du droit de vote ne prennent pas en compte ou très mal ces données.
Une étude précédente de l’ANACEJ soulignait déjà l’importance du phénomène et avançait un certain nombre de propositions quant à la simplification nécessaire de l’exercice citoyen et notamment la possibilité du vote anticipé ou la possibilité de voter dans quelque bureau que ce soit en France le jour du vote. Au-delà, la question de l’abstention des jeunes nécessiterait que ceux qui nous gouvernent mettent en œuvre, comme elle a mis en place un « choc de compétitivité », un « choc de citoyenneté » concourant à revaloriser l’acte d’aller voter (abaissement de l’âge de vote, non cumul des mandats, éducation à la citoyenneté, valorisation de la première fois etc., (cf. Jean Claude Richez « Pour un choc de citoyenneté, Lab Afev 23/6/2015).
Autre résultat inquiétant c’est le faible attachement à l’Europe que met en évidence ce sondage pour 37% de jeunes, plus d’un tiers. Il est à mettre en relation avec le fort attachement au national, à la commune, à la région dans sa forme ancienne, voire au département ! Se dessine là comme une tentation forte de repli, de fermeture et en filigrane s’esquisse une déception par rapport à l’Europe. En effet l’enquête précédente menée à la demande de l’ANACEJ il y a un an faisait elle apparaître de forts espoirs chez les jeunes envers la construction européenne.
Nous ne pouvons enfin manquer d’être attentifs aux fortes dynamiques politiques divergentes entre les jeunes selon leurs milieux d’origine quant à la polarisation aux extrêmes qui vont dans le sens de la pérennisation d’un enracinement à l’extrême droite d’une partie au moins de la jeunesse des quartiers populaires sans oublier cependant qu’une partie ne vote pas ou est exclue du vote pour les migrants récents.”
Jean Claude RICHEZ