ZEP, Zone d’expression prioritaire, lauréat de La France s’engage, bien connu du collectif Stop aux clichés sur les jeunes, est un média en ligne qui propose à des jeunes de produire des articles sur leur vie de tous les jours, de donner leur point de vue et de réagir à l’actualité… Nous avons rencontré l’un de ses fondateurs, Emmanuel Vaillant, journaliste professionnel, ayant notamment travaillé pour L’Étudiant, il est aujourd’hui responsable de la rédaction de ZEP.

Emmanuel Vaillant, journaliste, responsable de la rédaction de ZEP
ZEP, qu’est-ce que c’est ?
ZEP c’est un média jeune et participatif qui propose, à des jeunes qui souhaitent se raconter, un accompagnement par des journalistes professionnels. Les jeunes qui écrivent sur ZEP font des récits de leur vie, abordent des sujets divers et variés tel que l’emploi, l’engagement, l’orientation, la sexualité… Tout ce qui touche à leur vie quotidienne et pour ça ils ont besoin d’un soutien dans l’écriture, nous les accompagnons dans la rédaction de leurs récits. ZEP c’est en fait un média qui offre la possibilité aux jeunes de valoriser leur parcours, mais aussi l’occasion de donner une visibilité aux jeunesses, dans toute leurs diversités…
Pourquoi ZEP a été créée ?
ZEP est née en 2013, à la suite d’un premier projet de blog créé en 2012 qui avait pour vocation de donner la parole aux jeunes dans le cadre des élections présidentielles. Avec Édouard Zambeaux, journaliste sur France Inter, nous partagions cette idée qu‘il y avait une difficulté à faire entendre la parole des jeunes dans les médias. C’est pourquoi nous avons créé cette plateforme qui se veut être participative… Et elle l’est, tous les jeunes de 15 à 25 ans peuvent contribuer et pas seulement des jeunes issus de quartiers populaires. L’idée c’est que toutes les jeunesses soient représentées sur ce média, ainsi les contributeurs ont des profils très différents les uns des autres, ça va du jeune chômeur à l’étudiant en bac+5, en passant par des jeunes en service civique, issus des milieux urbains ou ruraux, de classes populaires ou aisées… Ce média est vraiment destiné à toutes les jeunesses !
Pourquoi vous, en tant que journaliste professionnel, avez-vous voulu vous impliquer autant dans ce projet ?
On est dans une période où le journalisme n’a plus le monopole légitime de l’information. Je voulais faire du journalisme avec des jeunes et le faire sous la forme participative. J’avais cette idée ancrée que les jeunes, comme le reste de la population, ne sont pas uniquement des consommateurs d’informations, ils sont aussi producteurs de contenu et je souhaitais travailler avec eux sur cette production de contenu !
Comment fait-on pour participer ?
Pour contribuer c’est assez simple, il suffit de nous envoyer une proposition d’article sur la plateforme. Après, les journalistes professionnels qui participent à ZEP prennent contact avec le nouveau contributeur pour échanger avec lui ou elle, bien souvent pour l’accompagner dans un travail d’amélioration de son projet d’article. C’est très rare que nous puissions publier un article tel quel. Cependant, la majorité des nouveaux contributeurs arrivent grâce à un travail de maillage territorial que nous réalisons avec des structures partenaires, tels que l’AFEV, les missions locales ou des établissements scolaires…
Nous organisons des conférences de rédaction délocalisées, où nous proposons aux structures sur place de faire venir des jeunes engagés afin que nous leur présentions le dispositif et s’ils le souhaitent, les accompagner dans l’écriture d’articles. Très souvent les jeunes arrivent avec une envie de faire un sujet. Nous, notre travail c’est de faire redescendre l’envie éditoriale, cette envie d’écrire sur un sujet précis, avec une approche de journaliste et de les amener plutôt vers du factuel. Sur ZEP les sujets qui nous intéressent sont des histoires très individuelles, nous avons remarqué qu’elles font souvent écho au plus grand nombre. “Comment je suis devenue féministe”, “Ma nouvelle vie, seule…”, “Comment j’ai été victime d’une secte”, c’est souvent des sujets très personnels, voir intimes… Ce qui nous intéresse, encore une fois, c’est de parler des réalités de la jeunesse, dans toute sa diversité…
Au-delà du fait de vouloir offrir un espace de parole à la jeunesse, est-ce qu’il n’y a pas cette envie de changer le regard sur les jeunes ?
Bien sûr, l’idée derrière tout cela c’est de sortir des clichés qui circulent sur la jeunesse dans les médias, de changer le regard que l’on porte trop souvent sur elle… Il ne faut pas penser les choses dans un modèle unique, il n’y a pas qu’une seule jeunesse mais plusieurs. Par exemple, cette idée de “Génération Y” m’énerve particulièrement et je me suis attaché à la déconstruire. Qu’est-ce que ça veut dire ? Tous les jeunes de cette génération sont connectés ? Disent merde à leur boss ? Non ce n’est pas vrai…
Et vous avez l’impression que votre travail, à travers ce média, porte ces fruits ?

On n’a pas cette prétention là, on espère que la France S’engage va nous apporter une visibilité plus grande et que l’on pourra toucher encore plus de monde… ZEP c’est un média de jeunes par les jeunes, le risque c’est de faire un média de jeunes tenu par des vieux. Ce que nous voulons maintenant c’est qu’il y est de plus en plus de jeunes qui s’engagent, à la fois comme contributeurs réguliers mais aussi au sein de l’association, dans les instances, à des postes d’administrateurs, pour décider de l’avenir de ZEP, des nouveaux projets… On est très ouverts, quelque soit le lieu de résidence… Nous recherchons aussi des jeunes en service civique pour la rentrée, pour coordonner notre action sur l’année scolaire 2015-2016.
Propos recueillis auprès d’Emmanuel Vaillant, par Simon Berger
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