5 membres de notre Comité Jeunes ont participé, en tant que jury jeunes, à la 8e édition du FestiPREV, le Festival international du film de prévention et citoyenneté jeunesse, dont l'Anacej est partenaire.
Anthonia, Chloé, Fanan, Seleem et Anthony des villes de Gravelines, Palaiseau, Arras, Mulhouse et du département de l'Ardèche, nous racontent leur expérience et reviennent sur leurs courts-métrages favoris !
Votre expérience perso et en groupe à La Rochelle ?
Anthony : Cette expérience m’a apporté beaucoup. Tout d’abord, elle m’a permis de me questionner sur des points de vue que j’avais, notamment sur l’anorexie, le mukbang… elle m'a permis de développer mon esprit critique quand je devais faire des choix difficiles sur certains films présentés. Et enfin, elle m’a rassuré car la jeunesse c’est l’avenir et savoir qu’ils ont pu faire des films pareils, qu’ils se sont posés des questions sur leur rôle dans la société c’est juste merveilleux. Ils m’ont redonné de l’espoir et de la confiance quant aux sociétés de demain.
Chloé : J’ai adoré découvrir la ville de La Rochelle et le festival, j’ai également trouvé l’expérience très intensive et enrichissante. J’ai pu apprendre à défendre mes idées et expliquer mon avis sur les films. En ce qui concerne le groupe, c’était un très bon groupe, certains sont même passés de simples connaissances à amis. Les échanges étaient constructifs car nous avions tous notre film préféré et on voulait tous le voir primé. Nous étions dans l’écoute et la bienveillance.
Fanan : Je suis, en général, quelqu’un qui a énormément de mal à me sentir à ma place lorsque je suis entourée de nouvelles personnes. Cependant, avec le groupe du jury jeunes, ça a tout de suite matché, je me suis directement bien entendue avec chacun d’entre eux, il y avait une vraie ambiance et tout le monde s’entendait bien. Grâce à Virginie et Claire, qui étaient présentes pour nous encadrer, j’ai l’impression que le contact a été beaucoup plus rapide et simple. Je me suis sentie écoutée et je pouvais donner mon avis sans jugement mais surtout dans la bienveillance.
Le Jury Jeunes a décerné le Prix du Jury Jeunesse au Collège André Malraux de Châtelaillon (17) pour leur film « Faux se taire » qui traite du harcèlement scolaire.
Pourquoi avoir fait le choix du court-métrage « Faux se taire » ?
Fanan : Ce film a été fait pour dénoncer le harcèlement, c’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur, étant moi-même victime de harcèlement banalisé.
Le fait d’avoir utilisé uniquement des témoignages peut paraître peu original pour des courts-métrages mais au contraire j’ai trouvé ça beaucoup plus intéressants et marquants d’avoir opté pour ce genre de format, ce qui change des vidéos classiques. J’ai l’impression que pour des personnes ayant vécu ou vivant cela, il était beaucoup plus simple de s’identifier à travers ce court-métrage.
Il y avait également les trois points de vue, celui du harceleur, du harcelé mais aussi celui d’un parent ayant perdu son enfant à cause du harcèlement, c’était la différence avec tous les autres films qui traitaient du même thème. Malgré le fait, que ça se soit joué à peu avec un autre film, il était sûr que « Faux se taire » était incroyablement bouleversant.
Quels sont les autres courts-métrages qui vous ont marqué et pourquoi ?
Anthonia : C’est très dur d’en sélectionner que quelques-uns. Ils étaient globalement tous bien.
En premier il y a eu « Stigmates ». Ce que je lui ai trouvé en plus par rapport à « Faux se taire », c’est le ton de la vidéo. « Faux se taire » est très sombre (au sens propre et figuré), ce qui fait qu’il marque beaucoup dans les émotions, il fait pleurer, et on retient bien que le harcèlement tue. En revanche, « Stigmate » offre une lueur d’espoir car à la fin, quand elle se regarde dans le miroir, elle fini par se retourner pour dire à sa mère « Non, ça ne va pas ». On comprend bien l’histoire sans même avoir besoin du son, il peut être diffusé très facilement à grande échelle et avoir un impact plus large que « Faux se taire ».
Ensuite, il y a « Searching my Calorina in the night ». Il était très artistique. Il n’a pas fait l’unanimité parce qu’il était filmé en noir et blanc. Quelque chose de très important selon moi : il n’y a eu que deux films sur les personnes queer (l’autre étant « C’est pas mon genre ») et c’est le seul qui a été réalisé par des personnes queer. Et je trouve que c’est super important, parce qu’au lieu de traduire les sentiments et la vie d’autres personnes, ils expriment les leurs et je trouve ça plus réaliste (ça rejoint aussi un peu le besoin d’expression directe plutôt qu’une expression par procuration).
Il y en a certains qui m’ont marqué pour des détails. Il y avait le film « Et si on essayait » sur l’addiction, que je trouvais très bien fait car montrait plusieurs formes et les insérait dans le quotidien, et on comprend le titre quand à la fin ils se disent « si on essayait » d’appeler le numéro vert. Il y a eu « Sens dessus-dessous » qui traite d’un sujet très important, le fait de s’écouter (comme le film « Ecoutez-vous » d’ailleurs), dans un monde ou on nous demande de travailler toujours plus (sans parfois de raison apparente), ce qui me parlait beaucoup car étant étudiante.
Chloé : Les autres courts-métrages qui m’ont marqué sont tous d’abord « @SEX_LJD » car je trouvais ça intéressant de montrer la portée d’une action, tout partait d’une simple blague sans conséquence mais qui a pourtant engendré de grave répercutions. Puis « Algo Rythme ma vie », j’ai beaucoup apprécié la chorégraphie autour de la musique « copier-coller » de Bigflo et Oli je trouvais ce film touchant et représentatif de la réalité. Puis pour finir mon dernier coup de cœur est « Searching my Carolina in the night » ce film m’a touché, on voit un couple cacher leur amour la journée et la nuit le vivre pleinement. Le fait qu'il soit réalisé en noir et blanc lui donnait un truc en plus.
Je voulais juste remercie toutes l’équipe de FestiPREV, le jury jeunes ainsi que tous les jeunes qui ont participé au festival car ils m’ont fait passer de très bon moment qui resteront à jamais dans ma mémoire.
Seleem : Les courts-métrages qui m’ont marqués étaient « Stigmates » car j’ai bien aimé comment ils ont tourné le film (les mots qui viennent blesser réellement en laissant des marques sur le corps). « Laissons des enfants être des enfants » était très intéressant, il était court mais assez choc. Enfin, « Sens dessus-dessous » et « Cyber quoi » étaient des films que j’ai trouvé très intéressants et interactifs. Ils avaient pris la forme de vidéo sur YouTube, et j’ai trouvé ça très fun.
Le harcèlement scolaire et le cyber harcèlement s’amplifient au fil du temps malgré les préventions... que faudrait-il mettre en place au niveau national pour lutter efficacement contre ?
Anthony : il faudrait rendre plus accessible les formations sentinelles car cela permettrait de détecter activement les cas de harcèlement. Dans mon établissement scolaire par exemple, c’est ce qu’on essaye de mettre en place. Normalement, les élèves auront une formation d’ici l’année prochaine car malheureusement, bénéficier de ces formations peut demander beaucoup du temps.
Anthonia : Il faudrait donner plus de moyens aux institutions de l’éducation et de la formation (primaire, collège, lycées, universités, écoles, etc), qu’ils soient financiers ou humains. Cela passe aussi par la formation des professeur·e·s, et pas seulement dans la formation initiale mais aussi tout au long de la carrière parce que les formes de harcèlement évoluent au fil des ans et il faut s’adapter.
Après malheureusement, oui la solution pour lutter contre le harcèlement c’est de parler. Mais inciter à parler, et provoquer le déclic, c’est assez compliqué. Je pense qu’au lieu de faire du « cache misère » en ne faisant que des affiches où il est écrit « parlez » pour dire d’agir, il faudrait aller encore plus loin et comprendre vraiment les raisons pour lesquelles les personnes harcèlent. Est-ce que c’est lié à leurs conditions de vie ? A leurs relations ? Sur quels arguments ils et elles harcèlent ? Peut-être faire des interventions répétées pour casser les stéréotypes sur lesquels ils se basent pour harceler ? Au lieu de demander aux harcelé·e·s de parler, pourquoi ne pas inciter les (futurs-)harceleur.euse.s à se taire ? Ça éviterait les souffrances avant qu’elles n’arrivent.
Actuellement je ne pense pas qu’on puisse avoir une solution, à part remettre en cause le fonctionnement de la société ; mais pour ça, il faut la connaître. Etant en science politique, j’ai envie de dire « financez la recherche en sciences sociales », parce que mettre les moyens dans la recherche c’est mettre les moyens dans la compréhension de la société, pour mieux la déconstruire et agir dessus. Et actuellement si le harcèlement continue, c’est peut-être parce qu’on ne comprend pas assez (ou en tout cas trop peu) son fonctionnement et ses mécanismes, alors qu’il serait peut-être temps si on veut fournir une aide adaptée.
La secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté, Sonia Backès, a remis le "Prix de la citoyenneté" à tous les jeunes réalisateur·trice·s des films de la sélection officielle du FestiPREV 2023. Les membres du Jury jeunes ont profité pour rencontrer la Ministre et échanger sur l'engagement de jeunes.
Retrouvez les 36 films de la sélection officielle du FestiPREV 2023 sur leur chaine Youtube.
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