Le 3 mars dernier, Frédéric Dabi, Directeur général adjoint de l'Ifop, présentait à l'AMF, les résultats du sondage "Les jeunes et les municipales 2020", commandé par l'Anacej et le Forum Français de la Jeunesse. Deux semaines avant le premier tour et alors que l'épidémie de Covid-19 n'avait pas pris l’ampleur qu'elle a aujourd'hui, nous annoncions une abstention des 18-25 ans jamais observée... Il est temps de se pencher sur le comportement électoral effectif des jeunes, grâce au sondage jour du vote, réalisé par Ifop-Fiducial pour CNews et Sud Radio*.
Une abstention encore plus forte que prévue et passée inaperçue
Le 3 mars, nous annoncions un taux de d'abstention chez les 18-25 ans de 67 %. Le sondage jour du vote réalisé par l'IFOP, le 15 mars, indique que les 18-24 ans se sont abstenus à 70 %... Loin devant les autres classes d'âges ; une personne sur deux âgée de plus de 65 ans s'étant mobilisée et une moyenne d'abstention chez l'ensemble des Français de 56 %.
Il faut prendre ces résultats avec précaution ; en raison des échantillons différents entre notre sondage et celui du jour du vote et que le Covid-19 a eu un impact certain sur le scrutin. Cependant, il est alarmant de constater que depuis que nous avons commencé ce travail d'analyse du comportement électoral des 18-25 ans, le taux d'abstention chez ce public ne cesse d'augmenter...
Il est encore plus alarmant de constater que l'élection municipale, traditionnellement plus mobilisatrice, avec les présidentielles, souffre elle aussi de l'indifférence grandissante chez les jeunes et que cette indifférence passe inaperçue aux yeux du grand public...
L'impact du coronavirus en question
S'il est indéniable que la pandémie en cours en France a dû décourager de nombreuses personnes à aller déposer leur bulletin dans l'urne, l'impact chez les plus jeunes citoyens doit être questionné. En effet, les résultats du sondage montrent que les 18-24 ans étaient ceux qui se sont exprimés les moins inquiets vis-à-vis de la progression de l'épidémie. Ainsi, si l'on part du principe que la forte abstention est uniquement due au coronavirus, les jeunes auraient dû être les plus mobilisés, or c'est l'inverse qui s'est produit... De plus, si l'on en croit les images tournées par les médias ce dimanche là, dans les parcs ou sur les terrasses de café, ce serait majoritairement les jeunes qui auraient bravé les consignes de confinement, non pas pour aller voter, mais pour partager un moment convivial entre amis... bref, un impact bien difficile à estimer chez ce public, comme chez l'ensemble des Français, et qui n'améliore en tous cas pas l'image des jeunes auprès du grand public...
Des déterminants dans la continuité de ce qui a déjà été observé
Si l'on s’intéresse maintenant aux 30 % des 18-24 ans qui sont allés voter et aux déterminants de leur vote il est intéressant de remarquer que pour eux les enjeux nationaux ont plus pesé, que chez les autres publics... Faut-il expliquer cela par une méconnaissance des enjeux du scrutin ou par une intention de sanctionner le gouvernement ? La question reste entière...
Lors des européennes de l'année dernière, les enjeux liés à la lutte contre le dérèglement climatique avaient fortement contribué au bon score d'Europe Écologie les Verts chez les jeunes. Ce nouveau scrutin confirme que le parti écologiste est bien aujourd'hui, le premier parti traditionnel, chez les jeunes qui votent... Notons enfin qu'il semble exister chez ce public, comme nous l'avions annoncé lors de notre sondage d'il y a trois semaines, une envie de sortir du système de partis classiques, puisque 39 % des jeunes votants, ont déclaré préférer voir une liste "indépendante", non soutenue par des partis classiques, remporter les municipales...
Retrouvez les résultats complets du sondage du jour du vote sur le site de l'Ifop.
Retrouvez aussi l'ensemble du travail réalisé par l'Anacej et le FFJ et les réactions d'expert.e.s concernant le comportement électoral des 18-25 ans aux municipales, ici.
*15 mars 2020 – Réalisé par Ifop-Fiducial pour CNews et Sud Radio, sondage du jour du vote conduit auprès de près de 3 000 Français permet de mieux comprendre les enjeux et déterminants du vote dans un contexte lourd de pandémie de COVID-19.
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